Interview de Chrisophe Prevost, ancien de GEM Junior Conseil et aujourd’hui CEO de Peugeot-Citroën Japon

De GEM à CEO de PSA au Japon, pouvez-vous revenir sur votre parcours ?

De GEM à CEO de PSA au Japon, pouvez-vous revenir sur votre parcours ?

Mon parcours a GEM a tout d’abord été marqué par mon expérience à la Junior-Entreprise de GEM, GEM Junior Conseil. Membre du pôle international, j’ai pu mener à bien un certain nombre de missions comme des études de marché.  En troisième année, j’ai choisi d’intégrer le parcours international, ce qui m’a donné l’envie d’aller un jour me confronter à des marchés hors Europe.

Mon entrée chez PSA est le fruit d’un intérêt de longue date pour l’industrie automobile, pas seulement pour sa dimension produit mais pour tout ce qu’elle véhicule en termes de chaine de valeurs. C’est un secteur très spécifique dans sa manière de travailler. Je suis rentré chez PSA par la porte classique du commerce et petit à petit j’ai pu évoluer vers des postes de management ce qui constitue l’enjeu personnel majeur d’un jeune diplômé d’école de commerce. Grâce à ma formation à GEM, j’ai bénéficié d’un apprentissage concernant les outils et les méthodes mais il y a des acquisitions à faire au gré des différents postes que l’on est amené à occuper.

Mon expérience m’a permis d’évoluer vers des postes de plus en plus importants jusqu’à ma plus grande mission en termes de management : la gestion d’une PME/PMI de 400 personnes à Bordeaux et le réseau de distribution de la Peugeot qui lui compte pratiquement 3000 personnes en France, avant d’intégrer un poste à l’international.

Actuellement au Japon, vous dirigez combien de personnes en tant que CEO ?

Nous avons 67 personnes dans la structure filiale import c’est à dire celle qui s’occupe de récupérer un maximum d’informations sur les produits. Il s’agit de les choisir, les définir, et de les vendre. En plus de ça, je chapote une soixantaine de personnes dans une filiale de distribution à Tokyo.

Pourquoi le Japon ?

Dans un grand groupe comme PSA, nous avons difficilement le choix de notre destination.

J’avais le choix entre la Turquie et le Japon, j’ai choisi le Japon car c’est une filiale qui pilote trois marques ce qui n’était pas le cas de la Turquie où seule la marque Peugeot existe. J’avais pour volonté de travailler pour le compte de ces trois marques car le challenge est plus excitant, plus compliqué ce que j’apprécie fortement, c’est comme ça que l’on progresse.

Dans ce genre de challenge, il s’agit d’un projet tant personnel que professionnel, l’éloignement est une décision personnelle et il est évidemment hors de question de se déstabiliser. L’amélioration continue des résultats nécessite tellement d’énergie qu’il est impossible de la réaliser pleinement en cas de détérioration de son contexte familial.

Quelles sont vos missions au quotidien ?

Les journées sont faites de multiples prises de décisions, nous sommes amenés à jongler en permanence entre une vision tri dimensionnelle des différentes problématiques auxquelles nous sommes confrontés (comptabilité, contrôle de gestion, marketing, vente…).

Il existe tout d’abord une vision à moyen terme (5 ans environ) concernant les résultats et les produits. Nous avons aujourd’hui une idée plutôt claire concernant le choix des produits qui seront introduits au Japon et à partir de quel mois nous commencerons à en tirer des bénéfices.  Si l’on s’intéresse à la dimension budget, une vision de court terme (pas plus d’un an) nous permet de vérifier si nous restons bien dans le cadre des prévisions et le cas échéant, d’apporter d’éventuelles corrections. Enfin, une vision à très court terme (à la semaine) nous permet de vérifier que nous sommes sur le bon chemin. Entre le moment où nous commandons un véhicule et le moment où nous le recevons au Japon, 5 mois se passent. Tout cela exige une forte anticipation car en cas d’erreur, 5 mois sont nécessaires pour se remettre de ce décalage.

A la Junior-Entreprise vous étiez en charge de l’international, quelles étaient vos missions ? Comment était la Junior-Entreprise à l’époque ?

J’ai participé très concrètement à trois missions. La première était à Madrid pour le compte d’un groupement d’entreprises de décolletage, qui consistait à bencher ce qui se passait sur un salon international. J’ai également réalisé une étude de marché pour une entreprise qui avait pour ambition d’introduire la chicorée sur le marché Français. La troisième mission consistait à élaborer une étude de marché en Bulgarie pour un marchand de meuble lyonnais. Nous étions en relation avec la chambre de commerce pour avoir un apport méthodologique, c’était particulièrement intéressant.

Votre expérience à la Junior-Entreprise vous a-t-elle servie dans votre vie professionnelle ?

Mon expérience à la Junior-Entreprise m’a surtout doté d’une grande agilité intellectuelle étant donné qu’un Junior-Entrepreneur est amené à travailler dans des secteurs toujours différents. Cette compétence est très recherchée au sein des entreprises où il y a toujours beaucoup de décisions à prendre. La Junior-Entreprise m’a permis d’ouvrir les yeux et m’a donné l’envie d’associer une dimension internationale à mon parcours.

Quel est l’intérêt pour une entreprise, de faire appel à une Junior-Entreprise ? Selon vous, quelles sont les valeurs ajoutées d’un junior entrepreneur ?

Pour une entreprise, faire appel à une Junior c’est bénéficier d’un point de vue neuf qui découvre un secteur d’activité et une problématique. L’angle d’analyse d’un Junior-Entrepreneur est en total rupture avec l’angle conventionnel de l’entreprise ce qui est toujours extrêmement intéressant.

Selon moi, le Junior-Entrepreneur est quelqu’un qui a acquis une connaissance de la diversité des milieux professionnels tout en intériorisant les fondamentaux qui sont à respecter ainsi qu’une certaine méthodologie.

Ces fondamentaux sont un élément nécessaire à chaque prise de décision à laquelle un individu peut être confronté dans une entreprise.

Une anecdote sur votre expérience à la Junior-Entreprise ?

Je me souviens que durant notre travail sur la chicorée, le marché déjà bien développé en Allemagne ne l’était pas du tout en France. Quand nous avons réalisé des tests sur les clients, certains d’entre eux pensaient que nous tentions de les empoisonner.

Un dernier conseil ?

Asseoir une expérience fine et solide en France est indispensable avant de prétendre à un pays étranger. J’ai commencé à travailler dans l’export assez tard mais finalement c’est un avantage. Commencer trop tôt, c’est s’aventurer sur des marchés matures qui exigent un savoir-faire et une expérience extrêmement fine de tous les aspects qui le constituent.